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universel. Mais, dans l’histoire comme dans les voyages, les hommes ne voient d’ordinaire que ce qu’ils ont déjà dans l’esprit, et en général on n’y apprend guère, si, avant d’étudier, on ne savait déjà beaucoup.

Il en résulte que sur cette difficile question de savoir quelle est la différence naturelle des deux sexes, sur laquelle, dans l’état présent de la société, il est impossible d’acquérir une connaissance complète et exacte, presque tout le monde dogmatise sans recourir à la lumière qui seule peut éclairer ce sujet, l’étude analytique du chapitre le plus important de la psychologie : les lois qui règlent l’influence des circonstances sur le caractère. En effet, quelque grandes et en apparence ineffaçables que soient les différences morales et intellectuelles entre l’homme et la femme, la preuve que ces différences sont naturelles ne peut jamais être que négative. On ne doit considérer comme naturelles que celles qui ne peuvent pas du tout être artificielles : ce qui restera quand on aura retiré toute particularité qui dans l’un et dans l’autre sexe pourra s’expliquer par l’éducation ou les circonstances extérieures. Il faut posséder la plus profonde connaissance des lois de la formation du caractère pour avoir le droit d’affirmer qu’il y a une différence, et, à plus forte raison, de dire quelle est la différence qui distingue les deux sexes aux points de vue moral