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par avance sur quelque présomption générale, que certains individus ne sont pas propres à faire certaines choses : on y voit un abus de pouvoir. Il est parfaitement reconnu aujourd’hui que, lors même qu’une présomption existerait, elle ne saurait être infaillible. Fût-elle même bien fondée dans le plus grand nombre des cas, ce qui peut bien ne pas être, il en resterait toujours un petit nombre pour lequel elle ne le serait pas, et alors il y aurait injustice pour les particuliers, et dommage pour la société, à élever des barrières qui défendent à certains individus de tirer tout ce qu’ils peuvent de leurs facultés pour leur profit et celui des autres. D’autre part, si l’incapacité est réelle, les motifs ordinaires qui dirigent la conduite des hommes suffisent en définitive à empêcher l’incapable d’essayer, ou de persister dans sa tentative.

Si ce principe général de science sociale et économique n’est pas vrai ; si les individus aidés de l’opinion de ceux qui les connaissent ne sont pas meilleurs juges de leur propre vocation que les lois et le gouvernement ; le monde ne saurait trop tôt y renoncer et revenir au vieux système de réglementation et d’incapacités. Mais si le principe est vrai, nous devons agir comme si nous y croyions, et ne pas décréter que le fait d’être né fille au lieu de garçon doive plus décider de la position