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s’étaient formées, demeurent avec une activité entière désormais sans emploi, à moins peut-être qu’une fille ou une belle-fille ne veuille bien abdiquer en leur faveur l’exercice de ces fonctions dans leur jeune ménage. Triste sort assurément pour la vieillesse des femmes qui ont dignement accompli, aussi longtemps qu’elles en ont eu la charge, ce que le monde appelle leur unique devoir social. Pour ces femmes, et pour celles à qui ce devoir n’est pas incombé, qui la plupart languissent toute leur vie avec la conscience d’une vocation traversée et d’une activité qu’on a empêchée de se manifester, il n’y a pas d’autre ressource, en général, que la religion et la charité. Mais leur religion, toute de sentiment et d’observances religieuses, ne porte pas à l’action, si ce n’est sous la forme de la charité. Beaucoup de femmes sont très bien douées par la nature pour la charité ; mais pour la pratiquer utilement ou même sans produire de mauvais effets, il faut l’éducation, la préparation compliquée, les connaissances et les facultés d’esprit d’un administrateur habile. Il y a peu de fonctions dans l’administration ou le gouvernement auxquelles ne soit propre une personne capable de bien faire la charité. Dans ce cas et dans d’autres (et principalement dans l’éducation des enfants), les femmes ne peuvent remplir convenablement les devoirs qu’on leur reconnaît, à moins d’avoir