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l’existence que sous la dépendance d’autrui, c’est leur donner trop d’encouragement à soumettre les autres à leurs desseins. Quand on ne peut espérer la liberté, mais qu’on peut viser au pouvoir, le pouvoir devient le grand objet des désirs de l’homme ; ceux qu’on ne laisse pas gérer leurs propres affaires, se satisfont comme ils peuvent en s’occupant des affaires d’autrui dans des visées égoïstes. De là vient aussi la passion des femmes pour la beauté, la parure, l’ostentation, et tous les maux qui en découlent sous les formes du luxe et de l’immoralité sociale. L’amour du pouvoir et l’amour de la liberté sont dans un antagonisme éternel. Où la liberté est moindre, la passion du pouvoir est plus ardente et plus éhontée. Le désir du pouvoir ne peut cesser d’être une force dépravante dans l’espèce humaine que lorsque chaque individu pourra faire ses affaires sans s’en emparer ; ce qui ne peut exister que dans les pays où la liberté de l’individu dans ses propres affaires est un principe reconnu.

Mais ce n’est pas seulement le sentiment de la dignité personnelle qui fait de la libre disposition et de la libre direction de ses facultés une source de bonheur, et de leur asservissement une source de malheur pour l’homme, et non moins pour la femme. Après la maladie, l’indigence et le sentiment de la culpabilité,