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en chacune une parité de goûts et de caractères, en modifiant dans une certaine mesure, mais surtout en enrichissant les deux natures, et en ajoutant aux capacités de l’être celles de l’autre. Ceci arrive souvent entre deux amis du même sexe qui vivent beaucoup ensemble, et se produirait communément sinon le plus communément dans le mariage, si l’éducation, en différant du tout au tout dans les deux sexes, ne rendait pas une union bien assortie à peu près impossible. Une fois ce mal guéri, quelles que fussent les autres différences de goûts qui divisent encore les époux, il y aurait en général unité et unanimité sur les questions qui touchent aux grands objets de la vie. Quand les deux personnes s’intéressent également à ces grands objets, se prêtent une assistance mutuelle, et s’encouragent l’une l’autre en tout ce qui les regarde, les autres questions ou leurs goûts différents leur paraissent secondaires ; il y a une base pour une amitié solide et permanente, qui plus que toute autre chose fera que, pendant toute la durée de la vie, chacun des époux préférera le plaisir de l’autre au sien propre.

Jusqu’ici je n’ai considéré que la perte de bonheur et de biens de l’union conjugale qui résulte de la simple différence entre la femme et le mari ; mais il y a une chose qui aggrave prodigieusement les mauvaises tendances de la