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sur l’intelligence, et l’habitude qu’elles doivent à toutes les circonstances de leur vie, de considérer les effets immédiats sur les personnes et non les effets éloignés sur les classes de personnes, les rendent incapables de voir, et mal disposées à reconnaître les tendances mauvaises en définitive d’une forme de charité ou de philanthropie qui se recommande à leur sympathie. La masse énorme et toujours croissante de sentiments peu éclairés et dirigés par les vues courtes qui ôtent aux gens le soin de leur propre vie et les exonèrent des conséquences fâcheuses de leurs propres actes, détruit les vrais fondements des trois habitudes qui consistent à se respecter, à compter sur soi, à avoir de l’empire sur soi, conditions essentielles de la prospérité de l’individu et de la vertu sociale. L’action directe des femmes et leur influence augmentent démesurément ce gaspillage de ressources et de bienveillance qui produisent ainsi du mal au lieu de faire du bien. Je ne veux pas accuser les femmes qui dirigent des institutions de bienfaisance, d’être particulièrement sujettes à cette erreur. Il arrive quelquefois que les femmes apportant dans l’administration des charités publiques cette observation des faits présents et surtout des esprits et des sentiments de ceux avec qui elles sont en rapport immédiat, observation où les femmes sont ordinairement supérieures