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Les femmes exercent pourtant quelque influence en donnant le ton à la moralité politique, depuis que leur sphère d’action a été un peu élargie, et que beaucoup d’entre elles s’occupent en dehors de la famille et du ménage. Leur influence compte pour beaucoup dans deux des traits les plus frappants de la vie moderne en Europe, l’aversion pour la guerre, et le goût de la philanthropie. Deux traits excellents. Mais, par malheur, si l’influence des femmes est précieuse en ce qu’elle encourage ces sentiments en général, elle est aussi souvent pernicieuse qu’utile dans la direction qu’elle donne aux applications particulières. Dans les questions de philanthropie, les deux points que les femmes cultivent de préférence sont le prosélytisme religieux et la charité. Le prosélytisme religieux au-dedans n’est que l’avivement des animosités religieuses ; au dehors le prosélytisme se jette aveuglément en avant sans connaître ou sans remarquer les effets funestes au but même de la religion aussi bien qu’aux autres objets désirables, que produisent souvent les moyens employés. Quant à la charité, c’est une matière où l’effet immédiat sur les personnes qu’on veut secourir et la conséquence pour le bien général sont souvent radicalement en contradiction l’un avec l’autre. L’éducation donnée aux femmes portant sur le cœur plutôt que