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produit dans tous les temps connus un grand effet sur la formation du caractère, et décidé quelques-uns des principaux progrès de la civilisation. Déjà, à l’époque d’Homère, on voyait dans l’αιδως devant les Τρωαδας ελϰεσιπεπλους un motif légitime et puissant qui porte le grand Hector à l’action. L’influence morale des femmes s’est exercée de deux manières différentes. D’abord en adoucissant ses mœurs. Les personnes les plus exposées à devenir victimes de la violence ont naturellement fait tous leurs efforts pour en restreindre la sphère, et en modérer les excès : celles qui n’avaient pas appris à combattre ont naturellement été portées de préférence vers tout moyen d’arranger les différends autres que le combat. En général, les personnes qui ont eu le plus à souffrir des emportements d’une passion égoïste ont été les plus fermes défenseurs de toute loi morale qui pouvait servir à mettre un frein à la passion. Des femmes ont concouru puissamment à amener les conquérants barbares à la religion chrétienne, religion bien plus favorable à la femme que toutes celles qui l’avaient précédée. On peut dire que ce sont les femmes d’Ethelbert et de Clovis qui ont commencé la conversion des Anglo-Saxons et des Francs.

L’opinion des femmes a exercé une influence remarquable encore d’une autre manière : elle a fourni un stimulant puissant à toutes les