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la plus grande partie, et tolérer, sans les encourager, qu’elles touchent au reste ; ne fît-on que donner à la femme la conscience d’être une personne comme les autres, ayant comme elles le droit de choisir sa carrière, y trouvant les mêmes raisons de s’intéresser à tout ce qui intéresse les humains, pouvant exercer sur les affaires humaines la part d’influence qui appartient à toute opinion individuelle, qu’on participe ou non à leur gestion ; cela seul produirait par là une énorme expansion des facultés de la femme, et en même temps on élargirait la portée de ses sentiments moraux.

Non seulement on verrait s’accroître le nombre des personnes de talent propres au maniement des affaires humaines, qui certes n’en sont pas tellement pourvues à présent qu’elles puissent se passer du contingent que la moitié de l’espèce pourrait fournir, mais l’opinion des femmes aurait une influence meilleure plutôt qu’une influence plus grande sur la masse générale des sentiments et des croyances des hommes. Je dis meilleure plutôt que plus grande, car l’influence générale des femmes sur le ton général de l’opinion a toujours été considérable, ou du moins l’a été depuis les premiers temps de l’histoire. L’influence des mères sur la formation du caractère de leurs enfants et le désir des jeunes hommes de se faire valoir auprès des jeunes femmes ont