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manité aurait à son service. Le nombre actuel des personnes propres à faire du bien à l’espèce humaine, et à promouvoir le progrès général par l’enseignement public ou l’administration de quelque branche d’affaires publiques ou sociales, serait alors doublé. La capacité d’esprit dans tous les genres est maintenant partout tellement inférieure à la demande, il y a une telle pénurie de personnes propres à faire parfaitement tout ce qui exige une capacité considérable, que le monde fait une perte extrêmement sérieuse en refusant de faire usage d’une moitié de la quantité totale des talents qu’il possède. Il est vrai que cette moitié n’est pas complètement perdue. Une grande partie est employée, et le serait toujours, au gouvernement de la maison et à quelques autres occupations actuellement ouvertes aux femmes ; le reste constitue un bénéfice indirect qui se retrouve, dans beaucoup de cas, dans l’influence personnelle d’une femme sur un homme. Mais ces profits sont exceptionnels, la portée en est extrêmement bornée, et, s’il faut les porter d’une part en déduction de la somme de puissance nouvelle que le monde acquerrait par la libération d’une moitié de l’intelligence humaine, il faut ajouter d’autre part le bienfait d’un stimulant qui serait appliqué à l’esprit de l’homme par la compétition, ou, pour me servir d’une expression plus vraie, par la nécessité