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l’art des ménagements attentifs et affectueux, mais pour les autres cette autorité n’est qu’une académie, un collège, où ils apprennent à être insupportables et impertinents : peut-être la certitude de rencontrer de la résistance chez les autres hommes leurs égaux dans les relations de la vie leur fera-t-elle maîtriser leurs vices, mais ils les laisseront éclater sur ceux que leur position force à les tolérer, et se vengeront souvent sur une malheureuse femme de la contrainte involontaire qu’ils sont obligés de s’imposer partout ailleurs. L’exemple et l’éducation que donne aux sentiments la vie domestique basée sur des relations en contradiction avec les premiers principes de la justice sociale doivent, en vertu même de la nature de l’homme, exercer une influence démoralisatrice si considérable, qu’on peut à peine, avec notre expérience actuelle, se monter l’imagination au point de concevoir l’immensité des bienfaits que l’humanité recueillerait par la suppression de l’inégalité du sexe. Tout ce que l’éducation et la civilisation font pour détruire l’influence de la loi de la force sur le caractère, et la remplacer par celle de la justice, ne dépassera pas la surface, tant que la citadelle de l’ennemi ne sera pas attaquée. Le principe du mouvement moderne en morale et en politique, c’est que la conduite, et la conduite seule, donne droit au respect ; que ce que les hommes font, non