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de son pouvoir uniquement pour le bien de la personne qui lui est soumise. Le mariage est la seule servitude réelle reconnue par nos lois. Il n’y a plus d’esclaves de par la loi que la maîtresse de chaque maison.

Ce n’est donc pas pour cette partie de notre sujet que la question cui bono sera soulevée ? On peut nous dire que le mal l’emporterait sur le bien ; la réalité du bien ne saurait être contestée. Mais sur la question d’une portée plus large de la suppression des incapacités des femmes, de la reconnaissance de leur égalité avec l’homme, pour tout ce qui appartient aux droits du citoyen, de l’admission à tous les emplois honorables et à l’éducation qui rend propre à ces emplois, sur cette question, il y a beaucoup de personnes pour qui il ne suffit pas que l’inégalité n’ait aucune raison juste et légitime ; elles veulent qu’on leur dise quel avantage on obtiendra en l’abolissant.

J’y réponds d’abord, l’avantage de faire régler la plus universelle, la plus répandue de toutes les relations, par la justice au lieu de l’injustice. Il n’y a pas d’explication, pas d’exemple qui puisse éclairer d’une plus vive lumière le gain prodigieux qu’y ferait l’humanité, que ces mots mêmes pour qui y attache un sens moral. Tous les penchants égoïstes, le culte de soi-même, l’injuste préférence de soi-même, qui dominent dans l’humanité, ont leur source et leur racine