contre les prérogatives d’un sexe attireront peu l’attention générale, tant qu’on pourra se dire que les femmes ne se plaignent pas. Certainement ce fait permet à l’homme de conserver plus longtemps un privilège injuste ; mais cela ne le rend pas moins injuste. On peut dire exactement la même chose des femmes enfermées dans les harems des Orientaux, elles ne se plaignent pas de ne pas jouir de la liberté des femmes d’Europe. Elles trouvent nos femmes horriblement effrontées. Qu’il est rare que les hommes mêmes se plaignent de l’état général de la société, et combien ces plaintes seraient plus rares s’ils ignoraient qu’il y a ailleurs un autre état ! Les femmes ne se plaignent pas du sort de leur sexe, ou plutôt elles s’en plaignent, car les élégies plaintives sont très communes dans les écrits des femmes, et l’étaient bien davantage quand on ne pouvait soupçonner leurs plaintes d’avoir en vue un changement dans la condition de leur sexe. Leurs plaintes sont comme celles que les hommes font des désagréments de la vie ; elles n’ont pas la portée d’un blâme, et ne réclament pas un changement. Mais si les femmes ne se plaignent pas du pouvoir des maris, chacune se plaint de son mari, ou des maris de ses amies. Il en est de même dans toutes les autres servitudes, au moins au début du mouvement d’émancipation. Les serfs ne se plaignirent pas
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