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bornes plus étroites. L’influence qu’elles cherchent ne s’étend pas au-delà du cercle qui les entoure. Ce qu’elles veulent, c’est plaire à ceux qu’elles voient de leurs yeux, c’est en être aimées et admirées, et elles se contentent presque toujours des talents, des arts et des connaissances qui y suffisent. C’est un trait de caractère dont il faut nécessairement tenir compte, quand on juge les femmes telles qu’elles sont. Je ne crois pas du tout qu’il tienne à leur nature ; je pense que ce n’est qu’un résultat régulier des circonstances. L’amour de la renommée chez les hommes reçoit des encouragements et des récompenses : « mépriser le plaisir et vivre dans le labeur pour l’amour de la renommée, c’est, dit-on, le lot des nobles esprits », peut-être leur « dernière faiblesse », et on y est poussé parce que la renommée ouvre l’accès à tous les objets d’ambition, y compris la faveur des femmes ; tandis qu’aux femmes tous ces objets sont toujours interdits, et le désir de la renommée passe chez elles pour de l’effronterie. En outre, comment pourrait-il se faire que tous les intérêts de la femme ne se concentrassent pas sur les personnes qui forment le tissu de sa vie de tous les jours, quand la société a prescrit que tous ses devoirs les auraient pour objets, et pris des mesures pour que tout le bonheur de la femme en dépendît ? Le désir naturel d’obtenir la considération de nos sem-