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celles qui s’habillent à grands frais, mais de celles qui le font avec goût et avec le sens des convenances naturelles et artificielles), et peut-être aussi à celle de leurs filles, cet effort de pensée appliqué à quelque étude sérieuse les rapprocherait beaucoup du point où l’esprit peut produire des œuvres remarquables dans les arts, les sciences et la littérature ; il dévore une grande partie du temps et de la force d’esprit que la femme aurait pu garder pour un autre usage[1]. Pour que cette masse de petits intérêts, qu’on a rendus importants pour elles, leur laissassent assez de loisirs, assez d’énergie et de liberté d’esprit pour cultiver les sciences

  1. Il semble que ce soit la même qualité d’esprit qui rend un homme capable d’acquérir la vérité, ou l’idée juste de ce qui est bien, dans les ornements, et aussi dans les principes plus fixes de l’art. C’est encore la même idée de la perfection dans un plus petit cercle. Donnons pour exemple la mode des habillements où l’on sait qu’il y a un bon et un mauvais goût. Les parties de l’habillement changent continuellement de grandeur, de grandes elles deviennent petites, de courtes longues, mais, au fond, elles conservent leur forme ; c’est toujours le même habillement avec un type relativement fixe sur des bases étroites ; mais c’est là-dessus que la mode doit s’appuyer. Celui qui invente avec le plus de succès, ou habille avec le meilleur goût, aurait probablement, s’il eût consacré la même sagacité à des objets plus élevés, révélé une égale dextérité ou acquis le même goût exquis, dans les plus nobles travaux de l’art. — Sir Joshua Reynold’s Discourses, Disc. VII.