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et l’Italie, deux pays où les femmes sont restées bien en arrière de la France et de l’Angleterre pour la culture intellectuelle générale et spéciale : elles y reçoivent pour la plupart peu d’instruction, et rarement on y cultive les facultés supérieures de leur esprit. Dans ces pays on compte par centaines, et probablement par milliers, les hommes qui connaissent les principes de la composition musicale, et les femmes seulement par dizaines. En sorte que, d’après les proportions, nous ne pouvons demander avec raison qu’une femme éminente pour cent hommes de cette valeur ; et les trois derniers siècles n’ont pas produit cinquante grands compositeurs du sexe masculin, tant en Allemagne qu’en Italie.

Outre les raisons que nous avons données, il y en a d’autres qui permettent d’expliquer pourquoi les femmes restent en arrière des hommes dans les carrières qui s’ouvrent aux deux sexes. D’abord très peu de femmes ont le temps de s’y livrer sérieusement : ceci peut sembler paradoxal ; c’est un fait social incontestable. Les détails de la vie réclament avant tout une grande partie du temps et de l’esprit des femmes. D’abord c’est la direction du ménage, la dépense de la maison qui occupe au moins une femme par famille, et généralement celle qui est arrivée à l’âge mûr et qui a de l’expérience, à moins que la famille soit