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sa propre impulsion. Mais si, comme je le crois, rien ne vient prouver qu’il y ait dans les femmes aucune tendance naturelle qui distingue leur génie de celui des hommes ; il n’en reste pas moins que chaque femme qui écrit a ses tendances particulières qui, à ce moment, sont encore soumises à l’influence du précédent et de l’exemple, et il faudra que beaucoup de générations passent avant que leur individualité soit suffisamment développée pour faire tête à cette influence.

C’est dans les beaux-arts proprement dits que la présomption contre la faculté d’originalité des femmes paraît la plus forte, puisque (l’on peut le dire), l’opinion ne leur interdit plus de les cultiver, mais les y encourage, et que leur éducation, au lieu de les négliger, leur fait la plus belle part, surtout dans les classes riches. Dans ce genre de production plus que dans les autres, les femmes sont encore plus restées en arrière du degré d’excellence où les hommes sont parvenus. Toutefois cette infériorité n’a pas besoin, pour s’expliquer, d’autre raison que le fait bien connu, plus vrai encore dans les beaux-arts que partout ailleurs, que les personnes du métier sont grandement supérieures aux amateurs. Presque toutes les femmes des classes éclairées étudient plus ou moins quelques branches des beaux-arts, mais non dans l’intention de s’en servir à gagner