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classe, sur le pouvoir qu’elle avait de se défendre. Nous y voyons que la résistance à l’autorité armée, quelque horrible que pût être la provocation, avait contre elle non seulement la loi du plus fort, mais toutes les autres lois et toutes les idées des devoirs sociaux. Ceux qui résistaient étaient, pour le public, non seulement coupables d’un crime, mais du plus grand des crimes, et méritaient le plus cruel châtiment qu’il était au pouvoir des hommes d’infliger. La première fois qu’un supérieur éprouva un faible sentiment d’obligation à l’égard d’un inférieur, ce fut quand, pour des motifs intéressés, il se trouva amené à lui faire des promesses. Malgré les serments solennels qui les appuyaient, ces promesses n’empêchèrent pas durant plusieurs siècles ceux qui les avaient faites de refondre à la plus légère provocation, ou de céder à la plus faible tentation, en les révoquant ou en les violant. Il est pourtant probable que ces violations ne s’accomplissaient pas sans que le coupable éprouvât des tiraillements de conscience, si sa moralité n’était pas du plus bas étage. Les anciennes républiques reposaient pour la plupart sur un contrat réciproque, elles formaient du moins une association de personnes qui ne différaient pas beaucoup en force : aussi nous offrent-elles le premier exemple d’une partie des relations humaines groupées sous l’empire d’une autre