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les différences mentales actuelles qui subsistent entre les hommes et les femmes ; s’il y en a réellement une qui soit naturelle, ou quel caractère naturel se révélerait par la suppression de toutes les causes artificielles de différence. Je ne veux pas tenter ce que j’ai déclaré impossible : mais le doute n’interdit pas les conjectures, et, quand la certitude n’est pas à notre portée, il peut y avoir des moyens d’atteindre quelque degré de probabilité. Le premier point, les origines des différences que nous observons à présent, est le plus accessible à la spéculation ; je tâcherai de l’aborder par la seule voie qui y conduise, en recherchant les effets des influences extérieures sur l’esprit. Nous ne pouvons isoler un membre de l’humanité de la condition où il est placé, de manière à constater par l’expérience ce qu’il aurait été naturellement ; mais nous pouvons considérer ce qu’il est et ce que les circonstances ont été, et si elles ont pu le faire ce qu’il est.

Prenons donc le seul cas frappant que l’observation nous donne où la femme paraît inférieure à l’homme, abstraction faite de son infériorité en force corporelle. Dans la philosophie, les sciences et les arts, nulle production digne du premier rang n’a été l’œuvre d’une femme. Peut-on expliquer cette infériorité sans supposer que les femmes sont naturellement incapables de produire de ces chefs-d’œuvre ?