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la ligne adoptée d’abord ; il aura plus de peine à passer d’un mode d’action à un autre ; mais dans l’œuvre entreprise il pourra travailler plus longtemps sans perte de force, ou sans fatigue. Ne voyons-nous pas en effet que les choses où les hommes excellent le plus sur les femmes sont celles qui demandent le plus qu’on persévère dans la méditation et pour ainsi dire qu’on martèle une même idée, tandis que les femmes font mieux tout ce qui se doit faire rapidement ? Le cerveau d’une femme est plus tôt fatigué, et plus tôt épuisé ; mais, arrivé au degré d’épuisement, il rentre plutôt en possession de toute sa force. Je répète que ces idées sont tout à fait hypothétiques ; tout ce que je veux, c’est indiquer une ligne de recherches. J’ai déjà déclaré qu’on ne savait certainement pas s’il y a une différence naturelle dans la force ou la tendance moyenne des facultés mentales des deux sexes, et bien moins en quoi cette différence consiste ; il n’est pas possible qu’on le connaisse tant qu’on n’aura pas mieux étudié, ne fût-ce que d’une manière générale, et qu’on aura encore moins appliqué scientifiquement les lois psychologiques de la formation du caractère ; tant qu’on dédaignera les causes externes les plus évidentes des différences de caractère ; que l’observateur n’en tiendra nul compte ; que les écoles régnantes de physiologie et de psychologie les traiteront