beaucoup de cerveaux humains, disait que le plus lourd qu’il eût connu, plus lourd même que celui de Cuvier (le plus lourd de tous ceux dont le poids est rapporté dans les livres), était un cerveau de femme. Ensuite je dois faire observer qu’on ne sait pas bien encore quelle relation précise il y a entre le cerveau et les facultés intellectuelles, et qu’il subsiste encore à ce sujet bien des controverses. Nous ne pouvons pas douter que cette relation ne soit très étroite. Le cerveau est certainement l’organe de la pensée et du sentiment, et, sans m’arrêter à la grande controverse encore pendante de la localisation des facultés mentales, j’admets que ce serait une anomalie et une exception à tout ce que nous savons des lois générales de la vie et de l’organisation, si le volume de l’organe était tout à fait indifférent à la fonction, si un instrument plus grand ne donnait pas une plus grande puissance. Mais l’exception et l’anomalie seraient tout aussi grandes si l’organe n’exerçait son influence que par son volume. Dans toutes les opérations délicates de la nature — parmi lesquelles les plus délicates sont celles de la vie, et dans celles-ci les opérations du système nerveux le sont plus que toutes les autres — les différences dans les effets dépendent autant de la différence dans la qualité des agents physiques que dans leur quantité, et si la qualité d’un instrument
Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/123
Cette page a été validée par deux contributeurs.