Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/122

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de l’essayer, et que l’esprit d’une femme, fût-il occupé uniquement de petites choses, ne peut rester inoccupé, comme celui de l’homme l’est si souvent quand il n’est pas envahi par ce qu’il veut considérer comme l’affaire de sa vie. L’affaire de la vie d’une femme c’est tout, et cette affaire ne peut pas plus cesser de marcher que le monde de tourner.

Mais, dit-on, l’anatomie prouve que les hommes ont une capacité mentale plus grande que les femmes : ils ont le cerveau plus gros. Je réponds d’abord que ce fait est contestable. On est loin d’avoir constaté que le cerveau d’une femme soit plus petit que celui d’un homme. Si on tire cette conclusion uniquement de ce que le corps de la femme a en général des dimensions moindres que celui de l’homme, c’est une façon de raisonner qui mènerait à d’étranges conséquences. Un homme de haute taille devrait, d’après ces principes, être extraordinairement supérieur par l’intelligence à un homme petit, et un éléphant ou une baleine devraient s’élever prodigieusement au-dessus de l’humanité. Le volume du cerveau chez l’homme varie beaucoup moins que le volume du corps ou même que celui de la tête, et l’on ne peut pas du tout conclure de l’un à l’autre. Il est certain que quelques femmes ont un aussi grand cerveau que n’importe quel homme. Il est à ma connaissance qu’un savant, qui avait pesé