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les Italiens ont sans doute par nature les nerfs plus excitables que les races teutoniques et si on les compare aux Anglais, les émotions jouent un rôle plus important dans leur vie journalière : mais est-ce que leurs savants, leurs hommes d’État, leurs législateurs, leurs magistrats, leurs capitaines, ont été moins grands ? Nous avons des preuves que les Grecs étaient autrefois, comme leurs descendants et successeurs aujourd’hui, une des races les plus excitables de l’humanité. Faut-il demander dans quel genre ils n’ont pas excellé ? Il est probable que les Romains, méridionaux aussi, avaient dans l’origine le même tempérament ; mais la sévérité de leur discipline nationale fit d’eux, comme des Spartiates, un exemple du type national opposé en tournant ce qu’il y avait d’exceptionnel dans la force de leurs sentiments naturels au profit des artificiels. Si ces exemples montrent ce qu’on peut faire d’un peuple naturellement excitable, les Celtes irlandais nous offrent le meilleur exemple de ce qu’il devient quand on l’abandonne à lui-même ; si toutefois on peut dire qu’un peuple est abandonné à lui-même quand il reste pendant des siècles soumis à l’influence indirecte d’un mauvais gouvernement, à celle de l’Église catholique et de la religion qu’elle enseigne. Le caractère des Irlandais doit donc être considéré comme un exemple défavorable : pourtant partout où