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actuelles, quels qu’en aient pu être les commencements, ne se sont conservées jusqu’à cette époque de civilisation avancée, que parce qu’on sentait avec toute raison qu’elles convenaient parfaitement à la nature humaine, et servaient au bien général. On ne se fait pas une idée de la vitalité des institutions qui mettent le droit du côté de la force ; on ne sait pas avec quelle ténacité on s’y accroche ; on ne remarque pas avec quelle force les bons et les mauvais sentiments de ceux qui détiennent le pouvoir s’unissent pour le retenir ; on ne se figure pas la lenteur avec laquelle les mauvaises institutions s’effacent, l’une après l’autre, à commencer par les plus faibles, par celles qui sont le moins intimement mêlées aux habitudes quotidiennes de la vie ; on oublie que ceux qui exerçaient un pouvoir légal, parce qu’ils avaient eu d’abord la force physique pour eux, l’ont rarement perdu, avant que la force physique eût passé aux mains de leurs adversaires ; et l’on ne songe pas que la force physique n’est pas du côté des femmes. Qu’on tienne compte aussi de tout ce qu’il y a de particulier et de caractéristique dans le sujet qui nous occupe, et on comprendra facilement que ce fragment du système des droits fondés sur la force, bien qu’il ait perdu ses traits les plus atroces, et qu’il se soit adouci longtemps avant d’autres, soit le dernier à disparaître, et que