Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/108

Cette page a été validée par deux contributeurs.

rence quelconque dans le caractère et les aptitudes qui viendraient à se développer. Je montrerai tout à l’heure que, parmi les différences actuelles, les moins contestables peuvent fort bien être le produit des circonstances, sans qu’il y ait une différence dans les capacités naturelles. Mais si l’on considère les femmes telles que l’expérience nous les montre, on peut dire avec plus de vérité que pour toute autre proposition générale dont elles soient l’objet, que leurs talents sont en général tournés vers la pratique. Tout ce que l’histoire rapporte des femmes dans le présent ou dans le passé le confirme, et l’expérience de tous les jours ne le confirme pas moins. Considérons les aptitudes d’esprit qui caractérisent le plus souvent les femmes de talent, elles sont toutes propres à la pratique, et s’y portent. On dit que la femme a une faculté d’intuition. Qu’est-ce que cela veut dire ? C’est sans doute une vue rapide et exacte d’un fait présent. Cette qualité n’a rien à faire avec les principes généraux. Par l’intuition personne n’arrive à saisir une loi de la nature, ni à connaître une règle générale de devoir ou de prudence. Pour cela il faut rassembler lentement et avec soin des faits d’expérience, puis les comparer ; et ni les femmes ni les hommes d’intuition ne brillent d’ordinaire dans cette partie de la science, à moins pourtant que l’expérience nécessaire ne soit telle