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l’humanité. L’immorale Catherine de Médicis elle-même a su apprécier la valeur d’un chancelier de L’Hôpital. Mais il est vrai aussi que les plus grandes reines ont été grandes par leur propre talent, et c’est pour cela qu’elles ont été bien servies. Elles ont retenu dans leurs mains la direction suprême des affaires, et, en écoutant de bons conseillers, elles ont donné la plus forte preuve que leur jugement les rendait propres à traiter les plus grandes questions du gouvernement. Est-il raisonnable de penser que les personnes qui sont propres à remplir les plus hautes fonctions de la politique sont incapables de s’acquitter des moindres ? Y a-t-il une raison dans la nature des choses qui rende les femmes et les sœurs des princes aussi capables que les princes eux-mêmes pour leurs affaires, et qui rende les femmes et les sœurs des hommes d’État, des administrateurs, des directeurs de compagnies et des chefs d’établissements publics, incapables de faire la même chose que leurs frères et leurs maris ? Cette raison saute aux yeux. Les princesses sont placées par leur naissance bien plus au-dessus de la généralité des hommes qu’elles ne sont au-dessous d’eux par leur sexe, et on n’a jamais cru qu’elles n’avaient pas le droit de s’occuper de politique ; au contraire, on leur a reconnu le droit de prendre à toutes les affaires qui s’agitent autour d’elles, et auxquelles elles peuvent