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sous les rois les femmes gouvernent. Les exemples, s’il y en a, sont tout à fait exceptionnels, et si les rois faibles ont mal gouverné, c’est aussi souvent sous l’influence de leurs favoris que sous celle de leurs favorites. Quand une femme mène un roi par l’amour, il n’y a pas à espérer un bon gouvernement, quoiqu’il y ait des exceptions. En revanche, dans l’histoire de France, nous voyons deux rois qui ont volontairement donné la direction des affaires pendant plusieurs années, l’un à sa mère, l’autre à sa sœur : celui-ci, Charles VIII, était un enfant, mais il suivait en cela les intentions de son père Louis XI ; l’autre, Louis IX, était le roi le meilleur et le plus énergique qui eût occupé le trône depuis Charlemagne. Ces deux princesses gouvernèrent d’une façon qu’aucun prince de leur temps n’a surpassée. L’empereur Charles-Quint, le souverain le plus habile de son siècle, qui eut à son service autant d’hommes de talent qu’aucun autre prince en eut jamais, et qui était très peu enclin à sacrifier ses intérêts à ses sentiments, donna, durant toute sa vie, le gouvernement des Pays-Bas successivement à deux princesses de sa famille (elles y furent ensuite remplacées par une troisième), et la première, Marguerite d’Autriche, fut l’un des meilleurs politiques de l’époque. En voilà assez pour cette face de la question, passons à l’autre. Quand on dit que