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politique du pays est constitué de manière à exclure un homme incapable, il exclura aussi une femme incapable, tandis que, s’il n’en est pas ainsi, le mal ne devient pas plus grand de ce que l’incapable est une femme, au lieu d’un homme. Du moment qu’on reconnaît à des femmes, si petit que soit leur nombre, la capacité de remplir ces charges, les lois qui les leur ferment ne sauraient se justifier par l’opinion qu’on pourrait se faire des aptitudes des femmes en général. Mais, si cette considération ne touche pas le fond de la question, elle est bien loin d’être sans valeur ; examinée sans préjugés, elle donne une force nouvelle à l’argument contre les incapacités des femmes, et lui prête l’appui de hautes raisons d’utilité publique.

Écartons d’abord toute configuration psychologique qui tendrait à prouver que les prétendues différences mentales entre l’homme et la femme ne sont que l’effet naturel des différences de leur éducation, qu’elles n’indiquent dans leur nature aucune différence foncière, bien loin d’indiquer une infériorité radicale. Voyons les femmes comme elles sont, ou comme on sait qu’elles ont été, et jugeons l’aptitude qu’elles ont déjà révélée dans les affaires. Il est évident qu’elles peuvent faire au moins ce qu’elles ont fait, sinon autre chose. Si l’on considère avec quel soin on les détourne par