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chapitre qui est un des joyaux du 3e volume des Modern Painters. À Baveno il fut rejoint par Harding et ils errèrent ensemble autour des lacs et à Vérone — « il n’y eut pas de meilleur temps pour tous les deux. » — Il nous dit que « si Rouen, Genève et Pise ont été le centre de ses réflexions et de ses études, c’est Vérone qui donna la couleur à tout ce qu’il reçut d’ailleurs ». Il alla ensuite à Venise à la demande de Harding et là, pendant une semaine, ils se promenèrent au milieu des marchés et des bateaux, à la recherche d’effets de lumière sur la mer et sur la cité. En flânant ainsi ils arrivèrent un jour à la Scuola di San Rocco et soudain il eut là comme une révélation du Tintoret : la vie future de Ruskin en reçut une nouvelle orientation.

Nous connaissons (et surtout par lui-même) un grand nombre d’incidents fortuits qui déterminèrent la direction qu’il était appelé à suivre : — le cadeau de l’Italie de Rogers, la première vue des Alpes, une branche de lierre enroulée autour d’une ronce, la tombe d’Ilaria, le Campo-Santo, le Mont-Blanc, un Véronèse du Louvre — mais la première vision des Tintoret de San Rocco semble avoir produit la plus réelle et la plus importante de ses conversions esthétiques. « Sans ce jour malheureux et béni », où le gardien ouvrit les portes de la salle déserte comme si elles eussent été celles