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sont plus qu’un souvenir mélancolique, pour les autres que les fantaisies d’un vieillard » (Præterita, 11, 94.1886).

Il y rencontra le professeur Forbes, étudia avec lui les glaciers et devint l’ardent défenseur de la « théorie de la viscosité ». De là, il passa aux lacs d’Italie par le col du Simplon où il dessina beaucoup et surtout nota dans un délicieux journal ses impressions sur les paysages et les beautés de la nature. Il vit le Bel Alp et Zermatt et fut étonné en présence du Cervin et du Weisshorn, qui lui semblèrent inférieurs au Mont-Blanc. Il revint par Paris, étant maintenant suffisamment guéri « pour en supporter la vue ». Il visita le Louvre et là se produisit en lui un grand changement dans sa conception de l’art. Il découvrit dans les primitifs italiens bien des choses auxquelles il était resté jusqu’alors indifférent. Il s’étonna — et nous nous étonnons également — qu’un homme de vingt-cinq ans ait pu rester jusque-là aussi ignorant de l’ancien art italien, aussi insensible après avoir vu, à vingt-deux ans, Milan, Pise, Florence, Venise et Rome. C’est seulement dans l’été de 1844, nous dit-il, que lui fut révélée tout à coup la grandeur de Titien, de Véronèse, de Bellini et de Pérugin. Il comprit enfin que ce que le gradué d’Oxford avait si ardemment étudié pendant dix ans, n’était qu’un petit coin du monde de l’Art,