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ner. La famille y resta jusqu’à la mort de la vieille Mrs. Ruskin, en 1871, et y exerça une cordiale hospitalité, toujours fière de montrer ses trésors — une trentaine de Turner, une demi-douzaine de Hunt, un Tintoret, la collection de minéraux, les pommes, les pêches et « de jeunes porcs parfaitement dressés parlant le meilleur irlandais ».

Le père, entièrement converti au mérite de Turner, devenu un acheteur fidèle de ses œuvres, désirait avec ardeur voir son fils donner une suite aux Peintres Modernes. Il fallait appliquer encore les principes de vérité et multiplier les exemples tirés des montagnes, des nuages et des forêts. Aussi, après avoir célébré l’anniversaire du père de famille en mai 1844, ils partirent tous pour la Suisse, pour la sixième fois. Là, John étudia le Mont-Blanc, ses aiguilles et ses glaciers, sous la conduite de Couttet, le fameux guide ; il en dessina tous les aspects avec beaucoup de force et de précision — réunissant en sa personne le géologue, le montagnard et l’artiste — car il comprenait la constitution des roches mieux qu’aucun peintre et pouvait dessiner mieux que n’importe quel touriste ou géologue ; « Bien des heures d’un temps précieux alors que ma vie était parfaite, furent ainsi dépensées pendant ces années, à observer le ciel… J’appris beaucoup de choses sans utilité maintenant pour personne, car pour moi elles ne