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Turner de la collection de M. Windus à Tottenham. Ce généreux et admirable amateur acheta tous les dessins que Turner avait faits pour la gravure et ouvrit à Ruskin l’accès de ses salles. « Ce fut lui qui me permit d’écrire les « Modern Painters ».

Enfin survint, nous dit-il « ce que le lecteur pourrait supposer devoir être l’événement principal de ma vie ». — John Ruskin fut présenté « à l’homme qui, sans aucun doute, est le plus grand de notre époque ». Ce sont les termes mêmes de son journal à la date du 12 juin 1840 : —

Je trouvai un gentleman de tournure d’esprit bien anglais, un peu excentrique, aux manières vives, très pratique ; évidemment d’un bon naturel, évidemment aussi d’un caractère difficile, détestant tout charlatanisme, malin, légèrement égoïste, hautement intellectuel, ne manifestant pas ses facultés comme à plaisir et pour étonner mais les laissant éclater à l’occasion par un mot ou un simple regard.

C’est ainsi que le jeune bachelier de vingt-deux ans jugeait le grand peintre qu’il devait, un an ou deux plus tard, faire connaître, interpréter, louer à outrance et immortaliser en paroles brulantes devant le monde ébloui mais étonné.