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mecq en vint peu à peu à aimer et à admirer les ouvrages de Ruskin et, jusqu’à la fin, on ne parla de lui qu’avec la plus grande sympathie. Il écrit en 1885 : « Les hommes doués de l’imagination la plus haute et la plus passionnée sont toujours ballottés par elle sur des vagues lurieuses », et il consigne le souvenir de « son absurdité, de sa douleur, de son erreur, de son amour méconnu » dans les décombres poussiéreux de l’oubli. Soit ! mais avec un tel homme, nous pouvons nous demander « ce qu’il serait devenu si l’amour lui avait mieux réussi » Quien sabe ?

Notre auteur a raconté toute l’histoire de sa carrière à Oxford avec la même délicieuse naïveté, mais il ne faut pas prendre trop à la lettre tout ce qui est dit dans les Præterita avec tant d’humour et de fantaisie. Le père, bien persuadé que son fils serait évêque, résolut de lui assurer la meilleure place dans le meilleur collège de la meilleure université. La famille Ruskin se tenait tellement à l’écart du monde que John James, malgré tout son bon sens et sa prudence, prenait souvent le parti le plus extraordinaire et le moins sage. Décidé à faire entrer son fils à Christ Church, le vieux négociant fut assez mal avisé pour faire d’un garçon timide et sans expérience un Gentleman-Commoner, lui donnant ainsi comme compagnons des jeunes gens du plus haut rang, riches et fashio-