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Il s’essaya alors à un conte romanesque, « Velasquez, le Novice » et à un drame, Marcolini, mélange de Shakespeare et de Byron, la scène se passe à Venise, l’héroïne est un amalgame de Desdémone et de Juliette et le jeune Marcolini, « un de ces hommes que les anges aimeraient à contempler » !

« Ébloui par son amour même
Il voit dans le monde des choses étranges.
Il croit à la bonté des misanthropes,
À la pitié des bravi, à la justice des sénateurs,
Et a beaucoup d’autres choses incompatibles. »

Mais sa jeune Hélène, à lui, ne sut pas reconnaître les mêmes qualités chez notre Marcolini de Herne Hill. Elle se permit même de « rire immodérément » à l’occasion d’une lettre de sept pages in-quarto qu’il lui écrivit à Paris pour lui dépeindre la solitude de Herne Hill depuis son départ. Deux ans plus tard, (elle avait dix-sept ans, John dix-neuf) il la revit en Angleterre ; malheureusement, elle se moqua encore de lui. M. Domecq mourut et Adèle se fiança à un beau jeune homme, riche et noble, le baron Duquesne. John écrivit un « Adieu », poème gracieux, quoique un peu long, dans la manière de Shelley ; il y chantait :

« La peine que mes vers étaient impuissants à exprimer
Et ta parole incapable de consoler ».