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« Le plum-pudding est un plat égyptien ; mais avez-vous jamais pensé à combien d’histoires a donné lieu ce plat athénien, le potage aux lentilles ? D’abord à un marché de quelque importance même pour nous (surtout en tant qu’usuriers) ; et la guérison miraculeuse d’Élie ; et la vision d’Habaccuc lorsqu’il portait leur soupe aux moissonneurs et qu’il dut l’enlever à l’un d’eux qui en voulait plus que les autres ; et surtout, le potage aux herbes amères avec son pain trempé et l’histoire du fidèle compagnon : — « C’est à lui que je donnerai le pain quand je l’aurai trempé ». Le sens de tout cela, en gros : premièrement, que nous ne devons pas vendre notre droit d’aînesse pour un plat de lentilles, quelque affamés que nous soyions, mais que nous devons connaître et garder nos droits de notre mieux ; secondement, que nous ne devons empoisonner à personne son potage mental ou réel ; enfin que nous devons prendre garde de trahir la main qui nous donne notre pain de chaque jour ».

Et ici Ruskin, comme il lui arrive souvent, semble garder sa croyance au symbolisme prophétique de l’Écriture alors qu’il a cessé d’ajouter foi aux faits objectifs rapportés dans la Bible. Il les recherche avec soin comme des révélations de la volonté divine ou en manière de Sortes Virgilianæ.

La Sainte Cène l’amène tout naturellement à