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que l’on sait de sa famille, il semble que la vie se passait en perpétuels déplacements non seulement en Angleterre mais aussi sur le continent. À cinq ans, on le conduisit à Keswick ; à six ans, à Paris, puis à Bruxelles et à Waterloo ; à sept ans il revit le Perthshire ; à quatorze ans, il voyagea en Flandre, sur les bords du Rhin, traversa la Forêt Noire et la Suisse. C’est alors que se réveilla sa passion pour les Alpes qui dura toute sa vie. Dans un épisode délicieux des Præterita, il a décrit sa première impression à la vue des Alpes à Schaffouse. Sa jeunesse, en réalité, fut un voyage continuel à la recherche des scènes de beauté et des lieux romantiques. Son amour de la Nature se développa plus tôt que son amour de l’Art et, pendant toute sa vie, ce fut pour lui la source de ses joies les plus profondes et l’objet de ses plus chères études. L’intérêt que lui inspira le grand art italien ne vint que plus tard, de façon indirecte ; jusqu’à la fin il parla de sa connaissance de l’Art italien, peinture, sculpture ou architecture, avec moins d’orgueil et d’assurance que celles qui caractérisaient l’expression de son sentiment des beautés et des mystères de la nature.

Un jeune garçon si précoce et doué d’une telle sensibilité, saturé de l’amour de la nature, nourri des chefs-d’œuvre de la poésie et de la prose, n’avait aucun besoin d’une direction pédagogique