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d’anglais simple, gracieux, limpide, une sorte de conversation pleine d’aisance et de naturel. C’est une causerie séduisante, ce sont les discours d’un maître supérieur dans l’art de la conversation familière. Ce style est sans exemple dans notre langue, avec son laisser-aller sans mesure, son abandon à toutes les fantaisies, à tous les caprices, à toutes les associations d’idées qui naissent du moment. Il n’existe en littérature rien d’aussi décousu, d’aussi inconséquent, d’aussi vagabond, d’aussi hétérogène. Et, malgré tout, l’enchevêtrement des idées est si fantastique, les transitions si inattendues que l’effet général est tout à fait charmant et très suggestif.

La forme de l’ouvrage est en elle-même si singulière et en son genre d’une si rare perfection qu’elle mérite d’être étudiée en détail. Et d’abord remarquons que, dans les deux mille pages de ces quatre volumes qui traitent de choses aussi mélangées et aussi diverses que les mots d’un dictionnaire de la langue anglaise, on ne trouverait pas une seule sentence qui ne soit entièrement claire et intelligible pour le commun des lecteurs. Celui-ci peut ne pas saisir toutes les allusions, tous les rapprochements poétiques ou historiques, toutes les épigrammes et tous les sarcasmes, mais il comprend parfaitement le sens de tous les mots. Les phrases sont claires, simples, vont droit au but comme