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rire étincelant du dieu et tout voilé du nuage de ses douces larmes ! »

Quel que soit le sens exact de ce passage, il peut servir a montrer que, à travers les incohérences, les inconséquences, les tournoiements de Fors, on peut saisir l’exposé d’un réel et tout puissant Évangile qui se dégage de toutes ces flammes et de toutes ces scintillations. Et en vérité il s’y trouve tout entier. Fors n’est pas seulement l’Hamlet de Ruskin, c’est aussi son Apocalypse. Mais on ne saurait rien imaginer de moins semblable à Thor, et rien surtout qui s’éloigne davantage du style de Fors, que le morceau que nous venons de citer. Cependant la comparaison du livre avec une tempête d’orage peut se soutenir jusqu’à un certain point. Fors produit sur nous comme l’effet d’un trouble électrique extraordinaire dans le ciel, trouble auquel nous assistons avec un étonnement mêlé d’admiration, frappés que nous sommes à tous coups par des éclairs, sans savoir d’où ils proviennent, ni où ils vont, mais toujours profondément impressionnés par leur beauté.

Comme nous l’avons vu, le style de Fors est tout différent de celui des premiers livres sur l’Art ; on n’y découvre aucune trace de rhétorique, pas une phrase de peintre, pas l’ombre d’une composition arrêtée. C’est partout un chef-d’œuvre