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grotesque ». Il contient cependant quelques-unes des pensées les plus typiques de Ruskin.

Que les quatre-vingt-seize lettres qui remplissent les quatre volumes de Fors soient bizarres, capricieuses, trop personnelles et à un degré inusité dans notre langue, rien de plus exact. Il n’est aussi que trop vrai, hélas ! qu’on peut considérer certaines parties comme se trouvant à peine sur la limite qui sépare un discours raisonnable des divagations d’un esprit malade. La série des lettres après sept années, fut, pendant les deux suivantes, interrompue par une maladie aiguë du cerveau, pour être plus tard, continuée d’une manière irrégulière et avec des facultés fort diminuées. Mais, si nous examinons froidement l’ensemble de ces lettres, nous y découvrons un but et un plan parfaitement définis, nous avons en même temps la révélation d’un esprit merveilleusement brillant, d’une richesse et d’une culture extrêmes et d’une nature faite d’exquise tendresse, de générosité et de candeur. Fors est l’Hamlet de Ruskin. Et s’il y a des passages qui ne sont que décevantes et inconséquentes illusions, tous ces monologues, ces tirades, ces confessions nous découvrent un cœur débordant d’une rare passion et un cerveau riche des dons les plus séduisants.

Fors est réellement le livre type nous faisant connaître l’homme qu’était Ruskin, en dehors de