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temps était consacrée à observer les plantes ou à étudier les différentes espèces de minéraux et de rochers. « Auprès des noirs tourbillons sans écume où la Tay se replie sur elle-même comme la Méduse, je ne passais jamais sans effroi. » Il apprit à copier des dessins mais il ne put jamais dessiner de mémoire et sans modèle ; et il répète volontiers qu’il fut toujours incapable de composer.

Dès l’âge de sept ans, il s’adonna à des productions originales. Il tint un journal de ses excursions et, le plus souvent, nota en vers ses impressions. Des milliers de ces vers ont été conservés, une partie est reproduite dans ses Poèmes. À dix ans (mai 1829) il présenta à son père un travail original, La Bataille de Waterloo, pièce en deux actes, avec quelques autres petits poèmes. Wellington et Bonaparte font des discours et le chœur décrit la procession triomphale. Comparant les Pyramides au Skiddaw, il dit :

                                                           « La main de l’homme
A dressé des montagnes de pigmées, et des tombes de géants.
La main de la Nature a dressé le sommet de la montagne
Mais n’a pas fait de tombes. »


Un enfant de dix ans, capable de penser et d’écrire ainsi, était bien en état de profiter de ses voyages continuels. D’après ses mémoires et ce