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rieuse simplicité l’histoire de ses premières années et les réminiscences dans Præterita et Fors sont probablement la révélation, unique dans son genre, de l’enfance d’un homme de génie faite par un des maitres du style et un des plus subtils humoristes. La maison était soumise aux plus étroites conventions, tenue avec un ordre sévère et un soin continu — presque assombrie de règles rigides et strictement fermée au monde extérieur. L’enfant fut souvent fouetté ; aucun jouet, autour de lui rien que des choses interdites, sauf la Bible lue à haute voix chaque jour. Depuis l’enfance jusqu’à l’âge d’homme, il dut en répéter mot à mot, deux ou trois chapitres à sa mère, n’omettant ni les généalogies ni les noms étrangers, ni même les passages grossiers et à cette pratique journalière il attribuait très justement et sa puissance de travail et « la meilleure part de son goût littéraire ». Il insiste beaucoup sur ce point et peut-être ceux-là seulement qui, dès leur enfance, ont été saturés de la grande musique des Écritures, peuvent bien comprendre quelle merveilleuse éducation du langage est susceptible de donner une telle habitude à une nature sérieuse et à une oreille douée de sensibilité.

L’Homère de Pope et Walter Scott furent « ses maîtres préférés », il les lut aussitôt qu’il put lire et il y revint à chaque occasion. Le dimanche, on