ser toutes ces homélies sermons d’un prédicateur plutôt que leçons d’un professeur, trop hétérogènes et trop décousues pour pouvoir être groupées. Celles qui sont réunies sous le titre de « La Morale de la Poussière » (Ethics of the Dust) étaient une série de causeries sans suite prononcées devant les élèves d’une école de jeunes filles du Cheshire ; annoncées comme devant traiter des cristaux, il y est question de cent autres choses. C’est pour les mêmes auditrices qu’il écrivit, avec infiniment de grâce et de fantaisie, ses chansons de danse. Ruskin n’était jamais en effet si bien dans son élément que lorsqu’il se faisait le compagnon de jeux des jeunes filles, un peu à la manière de l’auteur d’Alice au pays des Merveilles. Le jeu finissait même par apparaître quelquefois comme un léger flirt aux yeux des tantes et des vieilles dames à l’ancienne mode. En tous cas, la Morale de la Poussière est pleine de l’humour et de la fantaisie la plus originale ; et Carlyle, dans son jargon bizarre, disait que c’était « l’une des œuvres les plus brillantes qu’il connut » — qu’elle était « toute rayonnante de talent et de naturel, comme un vrai feu follet », avec une poésie à rendre jaloux Tennyson ». L’histoire ne dit pas si le poète lauréat sentit la morsure du monstre aux yeux verts en parcourant le volume.
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