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mier livre, comme aussi chez les Primitifs Italiens. Cette défense éloquente était profondément vraie et les résultats s’en firent sentir quand on vit les hommes de génie se libérer des vieilles formules et développer librement leurs dons propres ; tandis que la secte égarée qui s’imagina que l’art pouvait être régénéré par une sorte de décalogue conventionnel extrait de la littérature ruskinienne — conventionnalisme tout aussi étroit et contre nature que celui des académies, — tomba peu à peu dans l’obscurité, sous l’indifférence du public.

À cette époque, Ruskin perdit quelques-uns de ses amis : Turner mourut au mois de décembre 1851 et fit de Ruskin un de ses exécuteurs testamentaires, charge que celui-ci n’accepta pas. Ce fut ensuite le tour de William Hunt et de Samuel Prout. Charles Newton aurait voulu emmener Ruskin avec lui en Grèce où il faisait alors des recherches ; mais ses parents ne purent accepter que leur John exposât sa personne dans un voyage aussi périlleux et surtout sur un bateau à vapeur d’un nouveau genre. On peut d’ailleurs se demander si Athènes lui eut plu autant que Venise, mais il aurait peut-être produit quelque autre grande œuvre s’il avait vu Constantinople, contemplé les montagnes de la Grèce et la Mer Égée.

En 1853, Ruskin inaugura cette précieuse série de notes pour l’Arundel Society où il expliquait les