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un nouvel Eirenikon « un seul troupeau et un seul berger » — les anglicans y étaient engagés à renoncer à leurs prétentions sacerdotales et les presbytériens à leurs disputes sur le titre du « Pasteur de l’Église Chrétienne ». La brochure, malgré ses sages avis, ne put réaliser l’union des différentes sectes protestantes et le héraut pacifique et bienveillant fut étonné de constater combien les polémiques théologiques et ecclésiastiques pénétraient dans les cœurs plus profondément qu’il n’avait pu le rêver dans la solitude philosophique de Herne-Hill. Il ne tarda pas d’ailleurs beaucoup à élargir sa propre conception religieuse et à reconnaître que l’Eirenikon final ne se trouve que dans la fraternité humaine.

En 1851, Ruskin prit la défense du nouveau mouvement en peinture — qu’on a appelé le mouvement pré-raphaélite, — et écrivit un pamphlet qu’il intitula le Pré-Raphaélitisme. Le point de départ de ce mouvement fut dû à Holman Hunt et à D. G. Rossetti auxquels se joignirent Millais et Burne Jones. Il donna une impulsion nouvelle à la peinture anglaise. L’opuscule de Ruskin soutenait avec véhémence que la nouvelle école offrait, en ce qui concerne la vérité des faits naturels, leur représentation réaliste et la pure couleur, les mêmes tendances qu’on pouvait reconnaître chez Turner et chez les peintres célébrés dans son pre-