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le robinson suisse.

pour les emporter plus frais à Falkenhorst. L’âne et la vache furent attelés, et nous nous mîmes en route.

À peu près à mi-chemin, au moment où nous étions dans les hautes herbes, Bill s’élança devant nous et fit lever un animal qui paraissait sauter plutôt que courir. Je tirai dessus avec trop de précipitation et le manquai. Ernest, plus heureux que moi, lâcha son cou et le tua. C’était un gibier d’une forme étrange : imaginez-vous un animal de la grosseur d’une brebis, avec une queue de tigre, les yeux et l’ensemble de la tête d’une souris, la fourrure d’un rat, des oreilles plus grandes que celles d’un lièvre, les pattes de devant très-courtes, celles de derrière très-longues et semblables à des échasses.

Après un sérieux et méthodique examen, nous reconnûmes le kanguroo, quadrupède de la Nouvelle-Hollande, animal qui n’avait été vu jusqu’alors que par le capitaine Cook dans son premier voyage. Nous portâmes le kanguroo sur notre traîneau. Deux heures après, nous étions à Falkenhorst, où l’on nous reçut avec de grandes félicitations pour nous-mêmes et pour notre chargement ; Fritz paraissait seul un peu jaloux du succès d’Ernest à la chasse, et il jetait de temps à autre des regards d’envie sur le kanguroo ; pour le consoler, je lui promis de l’emmener au navire, avec moi le lendemain matin. Nos bestiaux reçurent une ration de sel. Les chiens ne furent point oubliés. Ensuite nous nous couchâmes.