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le robinson suisse.

Ma femme, ayant allumé du feu, nous prépara des pommes de terre pour le souper ; elle alla ensuite traire la vache et les chèvres, pendant que je rendais les volailles à la liberté et les conduisais près du ruisseau, après avoir eu soin de leur couper les plus longues plumes des ailes pour les empêcher de s’envoler.

Les pommes de terre nous furent servies toutes fumantes dans un grand plat, avec du lait, du beurre salé et un morceau de fromage de Hollande ; le repas, fort bon déjà par lui-même, nous parut encore meilleur, grâce à la fatigue et à l’appétit.

Après avoir remercié Dieu des nouveaux bienfaits qu’il lui avait plu de nous accorder en ce jour heureux, nous montâmes dans notre demeure aérienne, où le sommeil ne tarda pas à nous fermer les yeux.

En revenant la veille le long du rivage, j’avais remarqué, au milieu de quantité d’autres choses, différentes pièces de bois courbées qui me paraissaient propres à faire une sorte de traîneau pour amener de Zeltheim à notre arbre des tonnes, des caisses de provisions dont nous avions besoin, et qu’il nous eût été impossible de transporter à bras ni même à dos d’âne. Avant donc que ma femme fût éveillée, je partis avec Ernest seulement, dont je voulais secouer la paresse par cette excursion un peu matinale. L’âne nous suivait.

Pendant que nous marchions, je demandai en riant à mon fils s’il n’était pas trop fâché d’avoir dû se lever sitôt, et surtout d’être privé du plaisir d’abattre quelques grives et quelques ortolans, comme je le lui avais promis la veille. « Non, papa, me répondit-il, je suis très-content de vous accompagner ; pour les grives et les ortolans, mes frères, croyez-le bien, n’en feront pas un grand massacre et m’en laisseront encore à tuer à mon retour.

moi. — Tu crois donc tes frères bien mauvais chasseurs ?

ernest. — D’abord ils oublieront de remplacer les balles