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le robinson suisse.

l’avenir nous nous comprendrons mieux et plus vite quand il y aura une course ou une excursion à faire.

— Bravo ! bravo ! s’écria Jack ; oui, papa, cherchons des noms bien difficiles : Monomotapa, Zanguebar, Coromandel, ce sont des mots qui sonnent fort à l’oreille.

— Et pourquoi prendre des noms étrangers ? repris-je ; empruntons des noms à notre propre langue, et commençons par la baie où nous avons pris terre : il faut l’appeler Baie du Salut ; la hauteur d’où vainement nous avons cherché à découvrir les traces de nos compagnons sera le cap de l’Espérance trompée ; le lieu où nous campâmes pour la première fois, Logis sous la tente (Zeltheim) ; la petite île où nous trouvâmes le requin portera le nom de ce poisson, Île du Requin (Slaginsel) ; le marais où Fritz tua son flamant, Marais du Flamant (Flamant-Zumpf). » Quand nous fûmes arrivés au nom à donner à notre maison aérienne, les uns voulaient l’appeler : Maison aux Figues ; les autres, Nid d’Aigle. Je leur dis qu’il valait mieux l’appeler Falkenhorst (nid de faucons), puisque mes enfants étaient une vraie nichée d’oiseaux pillards comme les faucons, de noble race comme eux, et capables d’instruction.

« Adopté ! adopté ! dirent-ils tous ; Falkenhorst ! va pour Falkenhorst ! »

Il y eut aussi la Rivière du Chacal, la plaine du Porc-Épic, etc.

La fraîcheur du soir nous invitait à la promenade ; nous partîmes tous pour Zeltheim, non par l’ancienne route, mais en suivant le ruisseau. Nous avions nos armes à feu et nos arcs, des cordes, des petits filets. Turc et Bill ouvraient la marche ; le singe venait ensuite ; le flamant lui-même voulut être de la partie : d’abord il s’était mis à côté des enfants ; ennuyé bientôt de leurs espiègleries, il se réfugia sous la protection de ma femme.

Ernest, qui s’était un peu écarté, revint en courant vers nous ; il tenait à la main une tige assez longue à laquelle