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le robinson suisse.

un plancher ; je me bornai donc à les égaliser, me réservant d’y ajouter ensuite quelques planches. Comme l’espace était fort étroit, je dis à mes enfants de descendre ; et, mon travail achevé, je descendis moi-même.

Grande fut ma surprise quand je ne vis en bas ni Fritz ni Jack ; mais, tout à coup, du haut du figuier, deux voix humaines se firent entendre chantant un hymne au Seigneur. C’étaient mes deux étourdis, qui avaient mieux aimé monter que descendre. Ils ne tardèrent point à nous rejoindre. Nous rassemblâmes nos bêtes sous les racines, ayant soin de disposer tout autour des feux qui, entretenus durant la nuit, éloigneraient de nous les animaux sauvages.

Le souper fut servi et on mangea avec grand appétit ; après quoi, la prière du soir récitée en commun, ma famille monta dans l’arbre. J’entendis les enfants dire qu’ils regrettaient leurs lits de mousse, remplacés cette fois par des hamacs. Je leur montrai comment il fallait se placer en travers pour être bien ; ils s’enveloppèrent dans leurs couvertures et s’endormirent.

Pendant les premières heures de la nuit, je ne fus pas sans inquiétudes : le murmure du vent dans le feuillage, le bruit des vagues sur la grève, tout était pour moi un sujet d’alarme. Quand l’un des bûchers disposés autour des racines menaçait de s’éteindre, j’avais soin d’en allumer un autre. Grâce au ciel, toutes mes craintes furent vaines, et, vers le matin, le sommeil s’empara si bien de moi, qu’au lieu d’aller réveiller mes enfants, ce furent eux qui vinrent m’avertir qu’il était grandement temps de se lever.

Ma femme était déjà occupée à traire la vache et la chèvre, quand je vins l’embrasser ; après avoir déjeuné, elle attacha sur le dos de la vache et de l’âne les harnais qu’elle avait fabriqués la veille, et les enfants partirent chercher, au bord de la mer, les poutres et autres matériaux dont nous avions besoin pour nos constructions. Fritz monta avec moi sur l’arbre, où nous avions à prendre nos mesures, à couper