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le robinson suisse.

pagnie de Fritz et d’Ernest. Je trouvai beaucoup de matériaux rejetés par la marée qui, pour la plupart, ne convenaient point à mon dessein ou auraient exigé un long travail. Ernest me montra un grand amas de bambous recouverts en partie par le sable et la vase. C’était justement mon affaire. Nous retirâmes donc ces bambous du sable ; nous les lavâmes, et, les ayant coupés par morceaux de quatre à cinq pieds de longueur, j’en fis des fagots proportionnés à nos forces. Nous nous remîmes en route vers les figuiers. Bill, qui nous précédait, s’arrêta tout à coup devant un gros buisson d’où sortirent plusieurs flamants. Fritz tira dessus, en tua un et en blessa un autre ; nous pûmes prendre ce dernier, mais non sans peine, car, n’ayant été atteint qu’à l’aile, il courait encore fort vite. Mes enfants et ma femme furent ravis en voyant ce bel oiseau. Ernest ne manqua pas de nous expliquer d’un ton doctoral que le flamant, ayant les pieds palmés comme ceux de l’oie et de longues jambes comme la cigogne, nage aussi bien dans l’eau qu’il court vite à terre.

« Tu pourrais ajouter, lui dis-je, qu’il s’élève très-haut dans les airs, grâce à ses ailes fortes et vigoureuses ; plusieurs oiseaux réunissent souvent, à un haut degré, ces trois facultés de marcher, de nager et de voler. »

Je pansai avec soin la blessure du flamant et l’attachai près du ruisseau avec une ficelle assez longue pour qu’il pût se promener.

Mes fils, ayant lié bout à bout les roseaux, les appliquèrent verticalement le long du tronc de l’arbre pour le mesurer ; ils ne tardèrent pas à voir qu’il leur en aurait fallu encore dix fois autant pour atteindre seulement au branchage. Je fabriquai un arc et des flèches avec des bambous ; dans le creux des flèches, je mis du sable pour les lester. À peine eus-je attaché la corde que Jack, Ernest, Fritz, m’embrassèrent avec empressement et me demandèrent à essayer ma nouvelle arme.

« Non, non, leur dis-je ; vous croyez que cet arc ne doit