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le robinson suisse.

bêtes féroces que l’homme était obligé de détruire. Je lui répondis :

« Il est toujours téméraire de vouloir poser des questions à Dieu et d’avoir l’air de lui demander des comptes de sa conduite. Je crois que ces bêtes, qui ne sont certainement pas créées sans but, servent d’abord à maintenir un équilibre nécessaire parmi les êtres vivants ; de plus, leurs dépouilles fournissent des vêtements à l’homme, qui vient nu sur cette terre ; en troisième lieu, elles embellissent les œuvres de Dieu. »

Fritz écorcha son chat-tigre en priant bien Jack de ne pas en couper la peau comme il avait coupé celle du chacal.

La chair de l’animal fut donnée à nos chiens ; pour le porc-épic, nous en mîmes un morceau dans une marmite et salâmes le reste. Avec des pierres prises dans un ruisseau voisin notre foyer fut bientôt construit. Ma femme s’occupa du soin de notre dîner. Pour lui procurer une surprise agréable, je lui fabriquai des aiguilles assez fines avec les dards du porc-épic : je me servis d’un long clou dont j’enveloppai la tête dans un chiffon mouillé ; j’en présentai la pointe au feu et la fis rougir ; avec cette pointe il me fut facile de percer les dards sans craindre de les voir éclater.

Le porc-épic nous procura un excellent bouillon ; mais, la chair de cet animal étant un peu coriace, ma femme, ne put se résoudre à en manger, et se contenta d’une tranche de jambon et d’un morceau de fromage de Hollande.

Notre repas terminé, je songeai à notre gîte pour la nuit. Nos hamacs furent suspendus à la voûte formée par les racines de l’arbre géant, et par-dessus j’étendis une grande pièce de toile à voile qui devait nous garantir contre la rosée de la nuit.

Pendant que ma femme faisait des harnais pour l’âne, que je voulais, le lendemain, charger du transport des solives et des planches nécessaires à la construction de notre demeure aérienne, je me rendis au bord de la mer en com-